Ma prêtrise

A la limite de la nuit et du jour, s’éveille en moi une reconnaissance pour la prêtrise.

Je parcours ces débuts à la source : l’appel, la réponse, la préparation qui, selon la conscience de l’époque, était interminable et également de multiples moments où j’avalais d’amères pastilles de questions :

Où est la frontière entre la croix et le mauvais choix… ? L’Une et l’autre chose peut et devient réellement la cause de la douleur… Suis-je appelé ? Est-ce vraiment mon chemin… ?

Je suis à la première année d’une absolument folle fraîcheur d’évangélisation, combien naturelle et nécessaire.

Je me promène dans mes pensées aux différents milieux reçus en cadeau. Je cherche des visages de ce temps-là avec leurs réalités actuelles. Jusqu’à quel point leurs cœurs se sont-ils ouverts... ? 

J’essaie de voir tous les rangs de baptisés „anges”, (surtout des nourrissons), les chœurs des filles et garçons souriants des premiers communiants en vêtements blancs, pour lesquels la plus sérieuse et la plus sûre chose au monde était la vérité que Jésus c’est leur plus grand Ami!

Où sont aujourd’hui ceux que Dieu dans le Christ a confirmé dans son amour ? En les préparant pour le chemin des adultes chrétiens, je ne perds jamais l’espérance...

C’est pareil pour ceux qui font le don d’eux-mêmes en face de Dieu et en ma présence – témoin de l’Eglise, confiants avec moi de poursuivre leur commun chemin jusqu’à leur mort...

Déjà vingt-cinq ans de ministère se sont écoulés. Combien d’Eucharisties, de Réconciliations, d’Onctions, d’accompagnements à l’éternité… ?

Combien également de manque de conséquences, de faiblesses et de larmes mélangées dans le rayonnement de l’annonce de la Vérité, de la défense de la vie, combien de morts intérieures revivifiantes ?

Qu’il est bon d’être là où je suis, parce que Toi, Tu ES si fortement présent! Tu donnes le lieu et le temps du rendez-vous et tu ne le manques pas. Je ne désire rien que de te servir fidèlement avec mon cœur renouvelé en permanence. Ouvre-le de plus en plus, pour que ma prêtrise soit comme Ta croix : signe d’amour, de sacrifice, de victoire.

Oh Dieu incarné, le Christ ! Je sais que Tu es devenu le Dieu-Homme pour m’enrichir par ta divinité. Et comme dira l’autre : « rien de mieux ne pouvait arriver à cette terre que le christianisme. » Oh Christ, je te supplie de me donner la force de me relever de chacune de mes chutes.

Dirige souvent mon regard vers nos mères,  celle qui nous est commune et la mienne. Que leurs regards soignent mon cœur et me donne la force jusqu’à mon dernier soupir, jusqu’à ma pleine victoire en Toi.

Seigneur, fais que les visages et les cœurs de nos mères terrestres restent à jamais en paix, en joie et pleins de Ta divine lumière. Qu’ils leur manquent de raisons de manifester leur douleur.

Père céleste, je Te remercie pour la liberté et le temps – nécessaires instruments de Ta miséricorde ; pour l’envie de la bonté qui m’habite, pour toutes mes batailles intérieures et Tes grâces que je reçois en Ton Fils, Jésus Christ. 

Mon Dieu, dépose les langues du feu de Ton Esprit sur tous ceux que Tu me confies. Que Ton vent remplisse les lieux de leurs séjours, leurs cœurs et leurs vies.

Apprends-nous tous à parler, aimer, vivre pour Ta gloire!

Oh Christ, tu as appelé Tes Apôtres en scrutant leurs cœurs. Tu les as équipés en Toi-même et tu les as envoyés...

Ton Royaume grandit toujours en de nouvelles personnes parce que Tu donnes sans arrêt le ferment, la graine, parce que Tu n’arrêtes pas d’appeler, de scruter, de Te donner Toi-même et d’envoyer.

Je suis présent ! Je me présente devant Toi avec ma nouvelle disponibilité, avec le cœur nouveau et ouvert au neuf.

Apprends-moi toujours à grimper la montagne pour demeurer seul à seul avec le Père.

Je Te supplie, oh Christ, donne-moi la force de la fidélité de puiser en permanence en Toi, d’un fort attachement à Toi.

Descends avec moi de la montagne sur des plaines de difficultés. Donne-moi la force et le courage d’entrer en relation avec les gens ayant faim d’amour, ayant faim de Toi, souvent sans le savoir… Fais de moi Ton instrument, pour que je ne cesse d’ouvrir à Toi mes frères et sœurs par le témoignage que Tu habites en moi.

Dariusz Kapinski, extrait de son livre « Doux désert » Journal de la Terre Sainte.